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CONCLUSION
C’est dans cette forme de pensée, éminemment sacrée, mais aussi extrêmement savante, que les maîtres d’œuvre des cathédrales tiraient leurs connaissances, qu’ils avaient acquises de l’enseignement des théologiens qui s’attachaient à comprendre les secrets de la création, tout en se rapprochant de Dieu lui-même. « Et il me montra un fleuve d’eau de la vie… qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. (22,1) De part et d’autre du fleuve, un arbre de vie…et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations. (22,2) et le trône de Dieu et de l’agneau y sera, et ses esclaves lui rendront un culte (22,3) et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. (22,4) et il n’y aura plus de nuits, et ils n’ont pas besoin de lumière de lampe ni de lumière du soleil, car le Seigneur Dieu luira sur eux, et ils régneront pour les éternités d’éternités ! (22,5).
La promesse de ce grand jour -le jour du jugement dernier, de ceux des élus qui ne portent pas la marque de la bête, car celui qui portera la marque de la bête, « boira du vin de la fureur de Dieu, mêlé sans mélange dans la coupe de sa colère, et il sera torturé dans le feu et le souffre devant les saints anges (les pinacles du chevet et de la nef de la cathédrale de Reims abritent des anges aux ailes déployées, hors des pinacles eux-mêmes) et devant l’agneau ». (14,10)- a fait participé l’occident à l’avènement d’une période de l’histoire des plus mystiques, mais aussi des plus savantes ; l’émulation des bâtisseurs, qu’ils fussent religieux ou affiliés, leur avait permis de rivaliser de virtuosité, capable de déplacer des montagnes, de bâtir des oeuvres qui les dépassaient sans doute, et qui nous dépassent toujours aujourd’hui.
Tout comme Salomon l’avait fait en son temps, leur organisation, leur précision, leur sens du détail, leur permettront de bâtir un temple à l’image de la prophétie de Dieu fait homme, du Christ. La cathédrale de Reims est l’une des dernières nées de cette génération, presque spontanée, qui recueillait ainsi la connaissance et l’expérience de toutes les autres, mais aussi des antiques savants, des civilisations passées. Elle contient dans son plan, dans son élévation, la synthèse de la connaissance spirituelle, intellectuelle, et pratique de tous ceux qui contribuèrent à faire de ce lieu le centre sacré où l’esprit saint descendait sur le roi. Le roi devenait ainsi le porte parole de Dieu pour le commun des mortels, pour son peuple, et lui permettait de le protéger, en fait d’être son intercesseur.
Le labyrinthe de Reims est l’épigraphe des maîtres d’œuvre de la cathédrale ; en ce sens, il est le symbole de leurs connaissances. Il est la signature du grand livre de l’histoire de la construction de la cathédrale de Reims, mais aussi de l’histoire des bâtisseurs. L’esprit et la motivation qui les poussaient à participer à une petite partie d’un puzzle, d’un édifice qui dépassait leur savoir, et dont chaque acte était sacré, leur permettaient ainsi de comprendre un peu du mystère de la Création. Le fil de l’histoire était simple et clair pour les auteurs.
C’est dans ce grand livre ouvert que savants, chercheurs, historiens, intellectuels, théologiens mais aussi hommes de métier, devons, en croisant nos connaissances, retrouver une part de leur esprit, de leur savoir, qui nous permettra d’accéder, nous aussi, à un peu de ce mystère.
«Jamais nous ne trouverons la vérité, si nous nous contentons de ce qui est déjà trouvé… Ceux qui écrivent avant nous ne sont pas des seigneurs mais des guides. La vérité est ouverte à tous, elle n’a pas encore été possédée tout entière». (Gilbert de Tournai)
« Du temps des cathédrales, les meilleurs entraient aussi dans les métiers ; y faisant maçon comme les autres, ils y faisaient de l’architecture et non point architecture ».
Paul Feller
(fondateur de la Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière de Troyes)