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La première évocation des Compagnons : 1419.
En mars 1419, pour la première fois en France, le Compagnonnage est défini, par une ordonnance de Charles VI, qui vise les cordonniers de la ville de Troyes : « plusieurs Compaignons et ouvriers du dit mestier, de plusieurs langues et nations, alloient et venoient en ville ouvrer pour apprendre, congnoistre et savoir les uns des autres, dont les aucuns d’eulz s’i arrestoient et maroient, parquoi en se povoit bien lors passer d’ouvrer de nuit à la chandelle (…), ne va et ne vient de ladicte ville comme très peu et néant compagnons ouvriers dudit mestier, pour le petit priz qu’il leur faut donner, la très-grant cherté qu’ilz voient de vivre et qu’ilz n’osent ouvrer de nuit qui est l’eure especial en yver, où ilz ouvroient le plus, et s’en vont demourer ès autres Villes où ilz fcevent que l’en œuvre de nuit de leur mestier et à greigneur prix ; et bonnement se à ce n’est obvié et remedié, tous estrangiers ouvriers alans par le pays, delairont à venir en notre dicte Ville (…) à ce aussi que le peuple de notre dicte Ville de Troyes puist estre soigneusement et sans deffault, semblablement les estrangiers passans et repassans, et que les compagnons ouvriers qui ont acoustumé d’aller de Ville en Ville ouvrer dudit mestier et les autres personnes Mestre en celui Varlez et Aprentis… ». « Plusieurs compagnons et ouvriers du dit métier, de plusieurs langues et nations, vont et viennent en ville pour travailler, apprendre, connaître et savoir les uns des autres, dont aucun d’entre eux ne s’arrêtent et ne se marient parce qu’ils ne peuvent pas travailler de nuit à la chandelle(…), ne vont et viennent dans cette ville que très peu ou aucun compagnons ouvrier du métier, pour le peu de gain qu’il possible de leur donner, la vie très chère qu’ils voient et comme il n’osent travailler la nuit, qui est l’heure spéciale d’hiver où ils travaillent le plus, ils vont vivre dans d’autre villes où ils peuvent travailler la nuit de leur métier et à meilleur prix ; et simplement si ce n’est annulé, tous les étrangers ouvriers allant par le pays, dédaigneront à venir dans notre ville(…) et tout comme le peuple de notre ville de Troyes, tous les étrangers passants et repassants, les compagnons ouvriers qui sont accoutumés d’aller de ville en ville travailler de ce métier devront s’y trouver bien comme les autres personnes, Maîtres, Valets et Apprentis… » Cette ordonnance royale est la première description, et elle peut être considérée comme la première définition du compagnonnage en France. Elle a été enregistrée au Trésor des chartes dans le registre JJ 171, 13, fol. 103 v°, en mars 1420 (n. st.), mais rédigée 1 an plus tôt.
Nous sommes en pleine guerre de 100 ans (1337-1453) et les Bourguignons, alliés des Anglais ont abandonné le terrain en 1380, pour aller se battre contre les Armagnacs, alliés des Orléans ; en 1420, Charles VI ( 1380-1422) viendra à Troyes pour signer, avec la complicité de la Reine Izabeau de Bavière, ce que l’on désignera dans l’histoire par le « honteux Traité de Troyes » ( le 24 mai 1420), qui reconnaît le Roi d’Angleterre, Henry V comme seul héritier de la couronne de France aux dépends du dauphin, le futur Charles VI qui sera couronné le 17 juillet 1429, grâce à Jeanne d’Arc. Depuis le départ des Bourguignons, la ville avait repris ses activités de commerce, même si elle ne retrouvera jamais plus ses privilèges liés aux Foires, en particulier celles de Champagne. Des activités qui entraîneront des échanges commerciaux et le retour des marchands et colporteurs italiens et flamands, mais aussi le retour des associations de métiers, liés aux regains de consommation, aux investissements mobiliers et immobiliers ; le 15e siècle voit des fortunes immenses se constituer autour des draps, des épices, des peaux,… Le marché en pleine expansion nécessite, donc, une plus grande latitude de travail pour intéresser les Compagnons passants étrangers en pays de Champagne et les attirer pour répondre aux besoins… Les riches marchands se font construire de splendides hôtels particuliers ; ce sont les commanditaires de la construction des églises, et de chapelles et modifications du transept sud de la cathédrale ; L’histoire de la construction des cathédrales et des édifices religieux est liée à la renaissance des villes et du commerce, à la naissance de la bourgeoisie et aux premières libertés urbaines dès le 11e siècle. L’église recommande à ceux qui se sont enrichis à donner ou à léguer une partie de leur fortune pour la construction d’œuvres pieuses, en leur donnant mauvaise conscience : l’église accorde donc des indulgences à ceux qui aideraient à la construction de la maison de Dieu. La nouvelle «aristocratie bourgeoise» souhaitait, pour sa cité, la plus grande et la plus belle des cathédrales, reprenant peut-être à leur compte la phrase de Frédéric de Hohenstaufen, Empereur du Saint Empire (1194-1250) : « Si tu doutes de mon pouvoir, regardes mes constructions ». La cathédrale était pour la bourgeoisie, la marque de leur réussite, même si à Reims, entre 1233 et 1235, elle se révolta contre les abus du chapitre. Après 1380, la reprise économique pousse les riches Bourgeois à reprendre leurs habitudes afin de « gagner le ciel », mais aussi, sans doute, pour marquer leur passage temporel, « d’une pierre ». C’est à cette même époque que se situe, en particulier, le début de la construction de l’église St Pantaléon, qui sera terminée le siècle suivant.