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La connaissance par l’outil.
L’outil permet donc le dialogue avec la matière, l’échange d’informations ; il provoque la catalyse de l’acte de l’homme de métier. Il n’est en aucune manière le prolongement de la main, mais bien «le contacteur de l’univers» : «L’homme, grâce à l’outil, s’est senti communier avec l’Univers entier. Depuis toujours et pour toujours, tandis qu’il enfermait dans ses doigts le Monde, en faisant corps avec…», précisait Feller, avec le lyrisme qui le caractérisait. «Manipulant l’outil, l’ouvrier s’universalise en se particularisant», «il retrouve l’universalisme de sa vocation humaine», accédant ainsi à une dimension universelle. L’apprenti, en devenant homme de métier, se particularise, forge sa personnalité. En se «concentrant» sur l’ouvrage, en mobilisant son énergie, sa pensée, son imaginaire, il transcende nécessairement sa condition humaine. Il change son regard sur le monde ; il change sa vision du monde qu’il contribue à créer. Il s’édifie en édifiant. Il participe à rendre plus humain le monde et se « sur-humanise » lui-même. Il dirige son monde imaginal et se spiritualise. Se rassemblant, il crée sa propre conjonction, qui, inéluctablement, s’élève et l’éclaire. Il donne un sens « dynamogénique » à sa jeune vie. Se faisant, il se consciencialise. Sa conscience se globalise ; il voit ce qui est et abandonne ses propres fantômes. Il devient « homme nouveau » à chaque coup porté. «Ainsi, l’outil, dans son emploi, apparaît non plus comme extrapolation indéfinie de la main, mais comme concentration restrictive et non pas de la main, mais de l’homme tout entier» qui «retrouve ainsi son unité perdue». «L’outil que nous cherchons permet de poser déjà la question de l’apprentissage car il respecte à la fois son aspect particulier et sa tendance à l’universel». Il demande de «chercher les constantes, les signes des seuils de passage à l’universalisme et de l’unité de l’Homo Faber».
«Pratique, beau, divers, l’outil transpire l’unité de l’homme qui l’a conçu, utilisé, soigné, transmis. Particulier en son utilité, il «sue» bien davantage encore l’unité d’un homme, dont tout porte à penser qu’il est devenu faber à force de s’être voulu sapiens», déclare-t-il, entre autre, dans son liminaire du livre «l’Outil» réalisé avec F. Tourret. «Parmi tous les outils, le marteau se présente d’une façon particulière : absolument parfait, totalement adapté au travail qui lui est demandé. A partir du moment où il fut emmanché, il a évolué en spécialisant ses formes, en les adaptant à tous les travaux sans que l’idée en soit modifiée». «L’âme de l’adolescent à qui est refusé ce passage par l’Amour du marteau, cette âme sera molle à tout jamais.» Pour P. F., l’outil est une passerelle, un media qui permet à l’adolescent en quête de sens, en déséquilibre mental, moral ou physique, d’absorber toute l’énergie concentrée dans la matière, dans l’univers entier, par la genèse de la matière terrestre et qui, de ce fait, lui donnera l’énergie vitale nécessaire à sa vie future. Cette expérience est proprement initiatique, aux yeux de Feller ; il se trouve en cela proche de la conception orientale globale de l’univers dans lequel l’homme est inclus, dans lequel «l’homme en harmonie» évolue en empathie avec cet univers.