Dominique Naert - Nous n'avons pas la capacité de changer le monde, mais celle de changer notre propre vision du monde…/… We can't change the world, but we can change our view of it.
 
mai
3

Le Devenir des Métiers

Ecrit par Dominique

Le devenir de l’homme de métier.

Le dédain des métiers manuels a, non seulement privé plusieurs générations d’une formation humaine complète, mais a aussi privé les industries, petites ou moyennes de forces vives, de savoir-faire prisés, tant en France qu’à l’étranger, et d’ingéniosité indispensable au progrès de tout secteur d’activité, du progrès en général. Les hommes de métiers sont à l’origine de leur propre évolution ; ils sont toujours en recherche de gains en terme de qualité autant que de quantité, et si nous voulons reprendre l’idée même de P.F. sur l’esprit qui a suscité les cathédrales, la rationalisation du travail sur ces chantiers n’était pas absente de cette démarche : à Reims, par exemple, on parle « d’industria maxima » ; les pierres étaient taillées en carrière à partir de gabarits ( les molles) tracés par le maître d’œuvre ou son appareilleur ; les tâcherons marquaient les pierres qu’ils produisaient afin de déterminer leur rémunération. Bien évidemment, seuls les éléments les plus simples acceptaient la compétition ;on avait tendance à réglementer la dimension des pierres, afin de faciliter à la fois la manutention, la comptabilité et d’améliorer l’efficacité à la pose. Le transport coûtait excessivement cher et nécessitait une organisation où l’on évitait de transporter des chutes. Les gabarits étaient précieusement conservés tout au long du chantier afin d’assurer une cohésion de la modénature du monument dont, on savait dés la pose de la première pierre, que sa construction serait longue, en raison des difficultés financières qui ne manqueraient pas de survenir : un bon exemple de réalisme économique et de rationalisation du travail. Chacun ne faisait pas tout, même si de nombreuses spécialités se retrouvaient être exercées sous l’égide d’un même métier ; chacun avait un poste déterminé avec une formation spécifique : le maître d’œuvre, magister operum ou operationum était secondé dans son travail par des adjoints, les « parliers », chargés de transmettre les ordres mais aussi les connaissances, qu’elles fussent techniques, ou ayant trait au comportement. Hugues de saint Victor note qu’un chantier se divisait en maçonnerie « cementaria », composée de tailleurs de pierre « latomos » et de maçons « cementarius » ; il en va de même dans les autres métiers comme la charpenterie, divisée en charpentiers « carpentarius » et en menuisiers « tignarius » ; les morteliers étaient chargés de préparer le mortier pour les poseurs de pierre, les asseilleurs ou « positores », autrement dit aussi, coucheurs ou « cubitores ». D’autres types de spécialisation pouvaient intervenir selon les chantiers, les régions ou les commanditaires, mais ils démontrent bien que la parcellarisation des tâches n’était pas absente d’œuvres de cette qualité tant technique, qu’esthétique mais surtout spirituelle. Dans ce cas, que peut on envier à cette organisation, si ce n’est la qualité intrinsèque de chaque individu qui permettait une relation particulière à l’ouvrage et à l’autre : l’Esprit, voilà le maître-mot. Un esprit dont on a parlé longuement et qui permet à certaines équipes sportives de gagner ; un esprit qui permet encore aujourd’hui de réaliser des prouesses dans certains métiers ; un esprit que l’on sait dans des métiers qui font la réputation aussi bien de notre pays, que celle d’autres pays ; la base de cet esprit est constituée du respect de chacun ; où le responsable sait de quoi il parle, où le débutant respecte celui qui sait, comme étant une contre-partie à son devoir de transmission de ses savoirs et de ses connaissances.

Le témoignage du responsable du bureau d’étude de la grande maison de maroquinerie Vuiton est édifiant : « notre pari c’est la synergie, faire travailler ensemble quelqu’un qui a un C.A.P. et quelqu’un qui sort de Polytechnique. Nous voulons réunir dans un même lieu des ateliers haut de gamme différents, pour recréer l’ambiance qu’il pouvait y avoir au 19e siècle dans les quartiers d’artisanat, pour entraîner les gens à discuter ensemble et à échanger. Il y a des maroquiniers, des modélistes, des gens venus de l’atelier qui ont progressé petit à petit, qui ont des qualités humaines et des savoirs-faire forts ; il est important qu’ils sachent travailler en équipe, écouter et se faire écouter. Il y a deux ans, on a décidé d’aller voir du côté d’autres métiers du cuir. Aujourd’hui, des maroquinières embauchées il y a deux ans, peuvent discuter avec des jeunes polytechniciens. Nous avons essayé de décloisonner les savoirs-faire et d’aller voir des savoirs-faire proches dans d’autres métiers : c’est une sorte de mondialisation dans la tête. On essaie de faire la preuve que notre façon de travailler est encore rentable en France » : n’est-ce pas là tout résumé la proposition de P.F. ? Pas tout à fait, l’intérêt de l’individu n’est pas vraiment flagrant et que cet exemple reflète l’état d’esprit des industries, loin s’en faut…

Le fort potentiel de savoir-faire de l’artisanat.

Que l’élite se « colletine » au métier et que les gens de métier soient considérés à l’aulne de la connaissance dont ils sont chargés ; que le dialogue s’ouvre entre les deux pôles de la société avec des mots dont la signification est identique : c’est ce que P.F. présente comme la « décélération de la division du monde », Le fait-même d’aller voir les autres métiers, c’est le mouvement qu’il décrit pour permettre à chacun d’être « au seuil de la spiritualité » ; la grande Maison Vuiton redécouvre les bienfaits de ce que l’ingénierie nomme le décloisonnement, tout comme d’ailleurs la plupart des entreprises qui produisent de la haute technologie ou de ce que l’on nomme « l’industrie de luxe ». Bien entendu, l’artisanat garde encore un fort potentiel de savoirs-faire, mais en l’occurrence, une nécessité de relations et d’échanges inter-métiers ; c’est ce qui faisait dire à P.F. : « l’esprit ouvrier reviendra-t-il ? Je crois qu’il revient déjà ». Il avait observé les compagnons, rencontré des artisans et leurs équipes, vu les premiers chantiers de restauration et de rénovation de l’après « boom » pétrolier de 1973 ; ce type de chantier a représenté, en France, depuis cette époque jusqu’après le tournant du siècle, plus de la moitié des chantiers de bâtiment ; or, le travail sur des bâtiments ou sur des monuments anciens nécessite de retrouver tant l’esprit que les techniques ; des savoir-faire ont été sauvés et d’autres retrouvés ; une remise en question à été nécessaire autant aux ouvriers qu’aux architectes et ingénieurs ; un dialogue a été, là encore, le passage obligé entre les deux pôles de l’industrie de la construction : l’ouvrier devait se remettre en question quant à ses habitudes ; l’architecte, le directeur de travaux, le commanditaire étaient fragilisés par la nécessaire bonne volonté qu’ils devaient susciter pour convaincre l’homme de métier de s’approcher de l’origine de la construction : mais l’élite n’avait pas la compétence et la capacité de former et de « montrer » ; patience, confiance et respect devaient présider au lent tâtonnement pour retrouver le « tour de main » ; alors motivés, les hommes de métier dévolus à ce type de chantier ont retrouvé, non seulement les techniques, mais aussi l’esprit de ceux qui, comme le soulignait Raoul Dautry, « ont bâti les cathédrales et qui leur aurait permis d’en bâtir de semblables en d’autres temps » : oui, c’est vrai, en France et dans certains autres pays, n’en déplaise aux esprits chagrins, nombre d’hommes de métier seraient en mesure de rééditer l’exploit de bâtir des cathédrales et autres châteaux dans la même qualité ; ne parlons pas ici de cathédrale telle qu’Evry : notre propos n’est pas de juger l’architecture et la technique contemporaine, mais seulement de souligner le fait qu’aujourd’hui, retravailler à l’identique du roman ou du gothique, des hommes de métier en sont capables. En tout cas, cela vaut pour la plupart de ceux qui travaillent à la restauration des monuments historiques. Or, ne faut-il pas pour cela que la tradition des métiers ait survécu ? Qu’une transmission se soit faite entre deux hommes, un ancien et un plus jeune ; quelques fois entre l’ouvrage et l’homme de métier à force d’observations (archéologiques), d’essais et de recherches livresques. Et cela n’a pu ce faire que grâce au dialogue avec les ingénieurs chimistes du laboratoire d’un fabriquant de produits ou de matériaux de construction.

La transmission est une nécessité naturelle.

Chaque évolution, chaque découverte d’un nouveau savoir-faire, chaque gain de qualité ou de rentabilité a donné à l’homme de métier concerné, une possibilité de plus-value supplémentaire mais aussi la prise de conscience de l’accroissement de sa dignité et de la nécessaire obligation de transmettre ; il se sent riche ; une richesse qu’il ne veut pas dilapider ; à ce moment-là, il regarde autour de lui et il espère ; il espère qu’un adolescent de qualité se posera la question de son devenir : puis-je devenir homme en devenant homme d’un métier dit manuel ? Alors devenu maître, il va espérer que ses réalisations et son exemple donneront le goût à un autre adolescent, de suivre sa trace. De sa dignité trouvée et -dans sa longue filiation qui l’a mené à retrouver le chemin des anciens-, dans sa dignité retrouvée, une force particulière le poussera à transmettre ; une force aussi mystérieuse que celle qui pousse l’Homme à transmettre la vie. Une force qui aurait pu devenir destructrice, tout au moins vigoureusement revendicatrice, s’il n’avait pas trouvé sa voie, désabusé, inhibé, selon son tempérament, frustré qu’il aurait été de sa dignité bafouée ; or elle est devenue transcendante parce qu’enrichie par le dialogue avec d’autres, avec la matière, l’ouvrage même ; il a choisi ses maîtres et a capté ce qui a fait d’eux des maîtres ; il lui a fallu obéir, mimer mais de son propre chef, de par son libre-arbitre ; n’est-ce pas l’objectif final de tout homme? N’est-ce pas ce qui le différencie vraiment de l’animal ? Le libre-arbitre et l’histoire sont les deux concepts qui déterminent l’humanisation : l’animal ne sait pas qu’il a une histoire. L’éveil de la conscience de l’homme à son histoire…voilà l’idée force de P.F. L’homme devenu maître sait l’importance du regard porté en arrière pour apprendre ou réapprendre les gestes, l’esprit ; il comprend que son acte de tous les jours, l’ouvrage sur lequel il œuvre, s’inscrit dans le temps ; il ressent la nécessité de mettre sa richesse au service du futur, au même titre qu’un philosophe, un ethnologue ou qu’un scientifique en général ; la seule différence, c’est qu’il écrit l’histoire autrement que par la magie de l’imprimerie. De tous temps, l’écrit est magique, surtout aux yeux des scientifiques, des intellectuels, de ceux qui se veulent rationnels ; cette magie ne s’est pas estompée avec la démocratisation de l’écriture, bien au contraire ; l’intellectuel développe ce besoin impérieux de devenir sorcier et sacralise son type d’écrit ; encore aujourd’hui, l’homme de métier qui écrit, n’est même pas suspect, il est dérisoire : il n’est pas crédible…

Or ce décloisonnement, évoqué par notre directeur de chez Vuiton, comment peut-il s’opérer ? Par la prise de conscience de l’élite ; elle doit regarder vers l’autre, vers celui qui s’exprime dans un autre langage, par une autre expression ; puisque c’est elle qui en a le pouvoir. C’est ce qu’exprimait Napoléon III, qui n’en faisait pas moins, avec sa sentence : « le peuple ne sera plus séditieux quand l’élite ne sera plus arrogante ». Mais encore : rien ne bouge vraiment, dans les mentalités sans une rupture radicale ; une rupture qui n’est pas nécessairement une révolution synonyme de drame et de violence ; P.F. n’a jamais cautionné la violence : plutôt Jésus que Bariona (de la tragédie de J.P. Sartre). Plutôt édifier que démolir. La Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière est donc, non seulement un mémorial de la culture ouvrière mais aussi un phare dans l’océan, destiné à éviter l’écueil : un révélateur…

Résorber la division du monde sur le terrain.

La division du monde n’est en définitive, pas simplement duelle, mais multiple : division par deux en abscisse et multiple en ordonnée ; les scientifiques, les lettrés, les ingénieurs, les économistes, etc… sont configurés par spécialité qui n’échangent pas ou peu. Comment peuvent-ils comprendre l’intérêt de décloisonner l’organisation qui régit les gens de terrain ? Nous avons évoqué les métiers de type artisanal, qui évoluent dans un secteur à forte valeur ajoutée ; si nous évoquons, maintenant, l’autre part du métier de la construction, nous changeons complètement de monde, en particulier dans les très grandes villes et notamment Paris ; la parcellisation est particulièrement sévère et la décomposition des tâches est réalisée en fonction de l’incompétence des intervenants : « Pour l’heure, nous sommes effarés de l’émiettement des tâches ouvrières » écrivait P.F. ; en fait, cet émiettement est étudié pour que puissent intervenir des gens très peu formés ; une exploitation d’un autre temps de la base par l’élite se déroule au cœur d’une cité qui détourne la tête, qui n’ose y penser ; la division des tâches permet de régner et de nouvelles spécialités sont créées pour pourvoir à l’incompétence : planificateurs et contrôleurs en tous genres sévissent… Frustrations et vexations président à l’ambiance du chantier, gommant ainsi toute dignité, synonyme de valeur morale, mais aussi économique : chaque erreur est payée cash ; la seule façon de s’en sortir, alors, ne tient, en partie, qu’au travail illégal ; une véritable « tour de Babel » humaine érige le chantier : maçons portugais, carreleurs turcs, peintres égyptiens, plâtriers pakistanais, staffeurs marocains… Nous nous trouvons face au système même de la délocalisation industrielle, mais les chantiers n’étant pas mobiles, c’est aux travailleurs de se délocaliser ; une délocalisation qui n’est pas nouvelle mais qui s’accentue à l’échelle mondiale, en ce qui concerne le mouvement des populations.

Cette configuration permet pourtant de réaliser des chantiers de haute gamme parce que chaque ouvrage est décomposé par tâche, par savoir mais non plus en métier (la rationalisation des savoirs entamée par Diderot est poussée à l’extrême) ; que seuls les travaux très spécifiques et certaines finitions sont réalisées par un homme du métier concerné, ainsi que l’encadrement immédiat ; une finition en peinture ou en marbre peut être confiée à un carrossier, un mécanicien ou un pâtissier (l’inverse est possible dans un atelier ou un laboratoire) en fonction de la disponibilité sur le marché du travail et donc de la fluctuation économique ; la compétence ne correspond plus à l’addition des savoirs techniques, de l’attitude et de la connaissance humaine, autrement dit de l’addition du savoir, du savoir-faire et du savoir être mais de la compétence du processus : c’est donc la capacité de décomposition des phases de travail, puis des tâches, ensuite la capacité à trouver des machines et des hommes capables d’accomplir une ou deux tâches précises et répétitives ; la répétition fait appel à l’intelligence implicite, inscrite dans le cerveau reptilien court-circuitant ainsi tout freinage dû à la « mémoire de travail », plus lente ; la mise en application sur le terrain est ensuite possible grâce à la pression économique et l’application systématique de la réglementation ; le département juridique est plus indispensable sur ce type de chantier qu’un bon maçon…

Nous sommes effectivement, loin là, de l’esprit des bâtisseurs de cathédrales (des maîtres aux apprentis). C’est à cette frange d’élite qui initie et gouverne ces chantiers, que s’adresse P.F : « du temps des cathédrales, les meilleurs entraient dans les métiers ; y faisant maçon comme les autres, ils y faisaient de l’architecture et non point architecture » ; nous touchons du doigt le dilemme… Mais, nous dira-t-on, tout est devenu complexe, il faut faire des études pour résoudre les problèmes qui interviennent aujourd’hui, sans compter tout ce qui concerne le côté administratif… Il n’est qu’à lire la réglementation de la période médiévale pour se rendre compte que la régie d’un chantier n’était pas simple et que le dialogue avec les chanoines de la « fabrique » du chantier nécessitait un niveau de savoir évolué ; ainsi, à ceux qui accédaient à la direction du chantier, était-il nécessaire de s’exprimer en latin en plus de leur langue maternelle et de suivre la voie des « arts libéraux », en plus de leur travail quotidien ; chacun avait la possibilité d’accès au sommet de la hiérarchie en fonction de son potentiel et de son travail ; nous ne parlons pas ici, du système d’organisation des Corporations, mais de celui des Bâtisseurs des cathédrales qui, plus tard, se transformèrent en un Compagnonnage, toujours vivant aujourd’hui. La proposition de P.F. ne limite pas à promouvoir les métiers, mais elle consiste plutôt à interpeller les organisations professionnelles, le système scolaire, en l’occurrence, les grandes écoles d’ingénieurs, les universités, les responsables politiques, et les parents en général, sur le fait que l’autorité ne se décide pas arbitrairement en fonction d’un diplôme, mais qu’elle s’acquiert patiemment, à force de connaissances : elle s’acquiert du dedans. Cette autorité est légitimée par l’ensemble de l’équipe qui alors mettra tout son dynamisme au service de l’ouvrage ; aussi n’est-il pas indispensable que tous deviennent des hommes de métier mais il apparaît nécessaire que chacun passe, dans son cursus, une période significative dans un métier ; en ce qui concerne la formation d’ingénieur, le fait inverse semble carrément ridicule…

Or, l’organisation que nous avons évoquée à propos de l’évolution du bâtiment, sévit dans l’industrie depuis le 19e siècle : les industriels essaient de l’abandonner dans les pays occidentaux parce qu’elle conduit inéluctablement à une impasse : la démocratisation de l’enseignement a désacralisé l’élite : « l’exploitation salariale » n’est plus vraiment possible et il faut motiver et former pour garder et regagner de la productivité. Les conditions de travail se sont améliorées, des expériences d’organisations diverses ont été développées : les équipes autonomes proposées et décrites par Hyacinthe Dubreuil, travail en petites entités, garderies d’enfants pour les industries très féminisées, changements de poste très réguliers pour les travaux répétitifs, travail à la maison, etc… Pour en finir par la délocalisation totale, quand les dirigeants jettent l’éponge…

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