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Remarque Liminaire
Le projet se divise en 2 étapes parallèles, la première nourrissant la seconde : L’idée principale consiste à prendre en compte la formation humaine des adolescents et post-adolescents. Pour ce faire un Centre de Ressources sur la Transmission est envisagé. Il sera destiné aux parents, aux maîtres d’apprentissage, aux pédagogues, aux travailleurs sociaux, etc… afin de leur donner des moyens nouveaux pour former la jeunesse au savoir-être, à la responsabilisation, à l’autonomie et à l’Autorité.
Notre entreprise s’appuie sur une démarche épistémologique de la tradition et de la transmission et envisage un véritable travail de recensement des us et coutumes, des rites ontologiques, d’ethnologie humaine des sociétés occidentales en commençant par notre pays.
1 - LE PROJET
Un Institut National de l’Homme sera créé avec pour caractéristique principale d’être consacré à la ‘Recherche sur la Transmission’ et à la ‘Formation par la transmission’ destinée aux adultes.
Il aura pour objet :
2 - POUR QUELLE CIBLE ?
Plusieurs publics de jeunes sont concernés par cette démarche :
3 - LES RAISONS DE CETTE INITIATIVE
Pour rappel, chaque année, en France, prés de 750 000 jeunes accèdent à la majorité civique avec une pleine capacité pénale, civile et politique sans préparation profonde à la vie adulte.
Le monde est devenu de plus en plus virtuel et solitaire ; l’image a pris la place sur l’acte, le ‘paraître’ a trop souvent remplacé l‘Etre’.
Les familles sont décomposées/recomposées et n’assurent plus totalement leur rôle de repère, de guide et d’apprentissage de l’autorité/obéissance. Le chômage des parents est devenu fréquent et amplifie la difficulté d’assumer leur ‘mission’.
Quant aux familles favorisées, le comportement addictif des parents à leur vie professionnelle voire associative est tout autant préjudiciable à l’équilibre affectif et psychologique des adolescents.
« Si le père et la mère, de bonne volonté manifeste, offrent le spectacle de vie ou de tête constamment tournée vers un seul tournant, obsédés nuit et jour par l’argent, le travail, l’ambition ou le journal, par le langage et les images, quand leur fils se drogue, loin de s’opposer à ses parents il les imite. A père hanté, fils égaré ou « stupéfié » (Drogues, enfants d’abord. Michel Serres)
Le système occidental semble porter le germe du malaise mental : ainsi, en Chine qui vit un bond dans la mondialisation, les experts dénombrent 30 millions de jeunes de moins de 17 ans souffrant de problèmes psychologiques.
Le rôle éducatif de l’Ecole s’est complexifié… L’attitude des parents face aux professeurs s’est rigidifiée et la juridiciarisation de la société porte le corps enseignant à la méfiance et au désengagement en ce qui concerne la formation au savoir-être : il se cantonne au savoir-faire.
Dans les milieux favorisés l’enfant est devenu « roi ». On souhaite installer les générations à venir dans un monde confortable sans aspérités, presque parfait. On veut effacer les signes extérieurs des étapes de la vie, gommer leur dramatisation, tout en les activant dans l’ombre comme c’est le cas de la sélection larvée au sein du système éducatif : tout cela maintient les jeunes dans un décor illusoire.
L’éducation ne forme pas de futurs adultes mais des machines à fabriquer des résultats. Une sélection par le résultat qui crée une logique d’apartheid. Les étudiants des grandes écoles sont déconnectés de la réalité du peuple qu’ils auront à gouverner ; la liberté, l’égalité et la fraternité sont pour eux, des concepts qu’ils ne vivent pas mais qu’ils devront faire appliquer dans leur vie professionnelle future. Ils resteront extérieurs au monde qu’ils auront à gérer et à administrer.
« La jeunesse, mal dans sa peau et dans sa société, trop souvent abandonnée à elle-même, réinvente des rites dangereux et souvent destructeurs,… La ritualité adolescente contemporaine est tirée du côté de la sensorialité : rite et scansion, parure et tatouage, jeux de langue, de lumières et de sonorités, attirance pour les effets de la drogue et de l’alcool, enchantement du mouvement corporel » (Claude Rivière, sociologue, Les rites Profanes Paris 1995, PUF Terre de France).
… Car comme le souligne Marie Douglas,… « Animal social, l’homme est un animal rituel. Supprimez une certaine forme de rites, et ils réapparaissent sous une autre forme, avec d’autant plus de vigueur que l’interaction sociale est intense » (Marie Douglas, De la souillure)
La crise que nous vivons focalise les manques de la sphère financière et économique mondiale et fait ressortir la criante nécessité et le besoin d’autorité, de responsabilité, et d’humanisme. Les traders, les financiers et les politiques, qui sont aux commandes de l’économie globalisée, ont perdu tout sens d’équilibre des besoins et des aspirations : ils ont perdu leur « bon sens »…
Le système économique exacerbe l’avidité des consommateurs et la cupidité des actionnaires.
Henri Lachmann, président de Schneider Electrique le traduit ainsi : « Ce pourquoi une entreprise existe, ce n’est pas pour créer de la valeur pour des actionnaires mais des richesses corporelles et incorporelles, pour les actionnaires, les clients, les collaborateurs et les sociétés dans lesquelles on opère ». « La crise de la microsociété financière est due au goût de lucre et à la cupidité…. Sur cent transactions, deux reposent sur l’économie réelle… Le monde financier ne s’est occupé que de lui-même… Les actionnaires, c’est une gouvernance qui ne marche pas. C’est guignol. Une vraie parodie… ».
… ‘Savoir-être’.
« Après la génération du tout politique (les soixante-huitards), après la génération du tout moral ou du tout humanitaire (la génération morale) est peut-être en train de se chercher quelque chose qu’on pourrait désigner comme une « génération spirituelle », disons une génération qui refait de la question spirituelle, qu’on pouvait croire obsolète depuis des décennies, à nouveau sa question. Qu’est-ce que la question spirituelle ? La question politique, pour schématiser à l’extrême, c’est la question du juste et de l’injuste. La question morale, c’est la question du bien et du mal, de l’humain et de l’inhumain. La question spirituelle, c’est la question du sens, comme on dit aujourd’hui, donc aussi celle du non-sens. Et il me semble que c’est cette question, depuis quelques années, qui tend à revenir au premier plan, dans la tête ou le cœur de nos jeunes… » (André Comte-Sponville. (Le capitalisme est-il moral ?)
4 - L’EDUCATION AU SAVOIR-ETRE
a) la transmission
L’école ne peut pas tout transmettre ! Axée sur l’intellect, sa pédagogie laisse de côté l’épanouissement de la personnalité. Elle véhicule un enseignement fondé sur des expériences par procuration. Apprendre à savoir semble plus facile qu’apprendre à être.
Le progrès dans la maîtrise de la nature et dans l’évolution des techniques n’améliore en rien l’espèce humaine. Humaniser notre civilisation technicienne, c’est d’abord la mettre en perspective dans l’histoire globale de l’humanité (holistique) ; c’est ensuite analyser et comprendre les moteurs de son évolution. C’est ce que nous définissons comme une « vision du monde ». Il est autant de visions du monde que de culture et de traditions. Elles se transmettent collectivement et sous forme holistique. Mais elles sont transmises au travers du filtre individuel. Elles participent donc à l’essentiel de l’identité humaine et évoluent dans le champ de la transmission.
b) Vision du monde et réalité de la vie.
Il est absolument vital, non seulement que nous disposions de représentations adéquates du monde dans lequel nous vivons mais encore que nous ayons la possibilité de nous aménager un monde intérieur vivable. En l’absence d’un tel équilibre, nous sommes vite envahis par des conflits internes qui nous rendent incapable de réagir adéquatement face au monde extérieur. C’est cette tension entre la vision du monde des individus et la réalité de leur vie, de leur savoir d’expérience, qu’il faut chercher à atténuer
c) Rencontre de la jeunesse et de la tradition.
Une vision du monde est toujours une représentation évidente et globale de la réalité, elle est une réponse à des questions qui ont été oubliées. Elle est transmise par la tradition culturelle à laquelle appartient chaque individu. La vision du monde donne une signification à la vie (sur l’histoire du monde et le destin de l’homme, sur l’organisation sociale). Elle ‘déproblématise’ la réalité en montrant que ce qui est non-conforme dans la réalité quotidienne n’est que locale et transitoire, ce qui permet d’échapper aux états anxiogènes. Elle est un moyen de stabilisation de notre univers mental.
d) Le champ de la sagesse.
La fonction de la vision du monde se manifeste, non pas dans le champ des représentations théoriques mais dans celui des actions rituelles et de la réalité symbolique ; elle relève du domaine de la sagesse et de l’hygiène de vie et non pas des savoirs et des doctrines théoriques ; elle nous dote d’une identité individuelle et humaine grâce à laquelle il nous devient possible de nous accommoder de ce que les savoirs d’expérience nous apprennent de la réalité. Or, le monde moderne a laissé en friche la fonction propre de la vision du monde, ce que le savoir théorique, doctrinal ou pratique ne saurait jamais remplacer et que les rites traditionnels détenaient.
5 – QUELQUES REPONSES NOUVELLES …
LA PROPOSITION D’UN GRAND HUMANISTE…
Paul Feller, fondateur de la Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière à Troyes en collaboration avec les Compagnons du Devoir, a inspiré en grande partie cette démarche.
Paul Feller considérait l’apprentissage d’un métier manuel comme un rite de passage entre l’enfance et la vie adulte. Pour lui, tout homme, quelque soit son projet professionnel, doit vivre un apprentissage vrai au contact de deux éléments pour s’accomplir pleinement : La matière (le matériau) et le maître d’apprentissage.
Grâce à ces relais vers l’universalité, il acquiert une véritable maturité, un sens profond de la responsabilité et de la transmission assise sur une autorité naturelle dépourvue d’excès. En maniant le marteau, l’adolescent transforme ses tensions internes en puissance créatrice. Après un apprentissage manuel, le jeune pourra continuer des études et vivre une vie remplie de la connaissance humaine, d’autrui comme de lui-même. La formation par apprentissage d’un métier manuel s’inscrit comme une pédagogie du vrai.
UNE REPONSE AMERICAINE…
L’Institut national des rites de passage (NROPI) de Cleveland aux Etats-Unis s’adresse principalement aux africains américains. Il a été fondé en 1980 par un travailleur social.
Cet organisme propose une formation mêlant éducation et initiation sur une période pouvant s’étendre de 1 à 3 ans à raison de 2 à 4 heures par semaine .Les contenus d’enseignement sont très variés : rupture avec la routine du quotidien, transmission par les anciens et respect à leur accorder, coopérations avec les pairs, éducation sexuelle, instruction politique, self-défense, travaux d’intérêt général, tests de courage, attribution d’un nouveau nom, d’un nouveau langage et d’une nouvelle tenue, ainsi qu’un rite de passage spécifique appelé « the journey ».
En AFRIQUE DU SUD …
« Réveille-toi tu es désormais un homme » annonce le circonciseur. L’histoire se déroule en Afrique du Sud, dans un pays où les Xhosa tiennent beaucoup à circoncire leur fils pour les faire passer à l’âge adulte. « Un Xhosa non circoncis est une contradiction dans les termes, car il n’est pas considéré comme un homme mais comme un enfant. Pour les Xhosa la circoncision représente l’incorporation formelle des hommes dans la société » (Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté, éd.Fayard).
En FRANCE …
Les Compagnons du Devoir initient les jeunes adolescents à la fin de leur apprentissage, selon une tradition qui remonte à la construction des cathédrales. Aujourd’hui plus de 7000 jeunes garçons et filles sont formés chaque année par les Compagnons. La réputation de cette formation est reconnue partout en Europe.
Dans LE MONDE …
De nombreuses ethnies pratiquent toujours des rites d’initiation afin d’entrer dans la communauté des adultes. D’autres rites de sagesse et d’entrer dans des sociétés secrètes sont aussi réalisés. On peut sans doute considérer que près de la moitié de la population mondiale perpétue ces initiations de type traditionnel et ethnique.
Certaines communautés religieuses occidentales sont encore imprégnées de rites très forts (communautés juives et musulmanes selon les pays).
Enfin, la Franc-maçonnerie développe des rites de sagesse auprès d’adultes parrainés qui, souvent, s’interrogent sur le sens de leur vie ou relèvent d’un malaise intérieur plus ou moins prononcé.
« On ne pourra sans doute plus longtemps faire l’impasse
sur ces rites qui fabriquent de l’humain ».
(Denis Jeffrey, Eloge des rituels, Presses des Universités de Laval, 2003)
« La transmission est un acte qui transforme » (R. Debray).
6 – QUELS TYPES DE REPONSES …
… devons-nous étudier, expérimenter et proposer à notre jeunesse ?
Le projet consiste à adapter une démarche initiatique, laïque et républicaine, pour toute la jeunesse, en tenant compte des diverses catégories de jeunes (division subjective qui peut être revue).
Néanmoins, toutes ces actions ne peuvent être entreprises que sous l’angle du volontariat
Les jeunes adultes qui accèdent aux Grandes écoles sont issus, pour la grande majorité d’entre eux, de famille aisées (industriels, cadres supérieurs, dirigeants de grande entreprises), possédant des cursus universitaires digne le leur filiation (énarques, polytechniciens et autres…. de père/mère en fils/fille), éduqués, protégés, destinés…. L’expérience nous montre la difficulté de cette catégorie sociale à sortir de leur intellectualisation dans un délai court. Le piège serait la mauvaise interprétation qu’ils pourraient faire de ce passage, considérant cette période comme une épreuve scolaire de plus sur le cursus qui les conduit à une destinée formatée quasi-acquise dès leur naissance.
Un apprentissage de 2 ans devrait être préalable à tout entrée dans les grandes écoles à l’issu duquel, une formation ontologique serait complétée par un rituel laïc et républicain.
7 – MODALITES DE MISE EN ŒUVRE
QUAND ET COMMENT ?…
QUI SERAIT EN CHARGE DE LA FORMATION ? …
LES INDIVIDUS CONCERNES …
DEVELOPPEMENT GEOGRAPHIQUE …
LA DEMARCHE PEDAGOGIQUE …
8 – EN CONCLUSION…
Ce projet a pour intention d’apporter des réponses nouvelles en terme de responsabilisation des jeunes dans leur apprentissage de la vie, en complément du savoir-faire dispensé dans les établissements de formation initiale, quels que soient leur futurs métiers et/ou leur vocation professionnelle grâce à des actions de Formation basées sur deux éléments fondamentaux : le travail d’un matériau ou d’une matière, et l’écoute et la connaissance sous l’autorité d’un maître.
Fait à Troyes le 16 février 2009
Dominique NAERT